Petites nouvelles de la recherche du 2ème trimestre 2020~

 C’était il y a 100 ans…

Dès le retour de l’Alsace à la France en 1918, le journal local, « das Rappoltsweiler Kreisblatt », cède la place à la « Gazette de Ribeauvillé », qui paraît deux fois par semaine, le mercredi et le samedi. Les articles sont tantôt rédigés en français, tantôt en allemand. Voici les nouvelles les plus marquantes de 1920

  • 14 janvier (n° 4) : les hôteliers-restaurateurs publient une lettre destinée à la municipalité, souhaitant la promotion touristique de notre cité. Après 48 ans de séparation, il est bon de rappeler à la France nos atouts : site romantique, ville ancienne et possibilité de randonnées sur les sentiers vosgiens. A cet effet, ils demandent de meilleures communications ferroviaires, un réaménagement du jardin de Ville, la renaissance de la musique municipale. Des annonces publicitaires dans les revues et expositions spécialisées s’imposent également ! La volonté d’attirer des touristes était déjà bien présente et a visiblement porté ses fruits jusqu’à nos jours.
  • 21 janvier (n° 6) : on propose aux instituteurs des cours de rattrapage en français, histoire, géographie et mathématiques ; ils seront dispensés par les professeurs du Collège (actuel lycée), les samedis après-midi.
  • 4 février (n° 13) : le changement d’heure est annoncé! Selon le décret du Journal officiel, il faudra faire avancer les montres d’une heure dans la nuit du 14 au 15 février, à 11 h. du soir. L’heure normale sera rétablie le 25 octobre. Se plaignait-on autant de ces changements à l’époque ? La gazette n’en dit mot.
  • 21 février (n° 17) : le syndicat des maîtres-boulangers du secteur publie le prix du pain, fixé par la Direction du ravitaillement civil de Strasbourg. A partir du 1er mars, le pain coûtera 0,55 francs la livre[1]. Les prix étaient donc bien réglementés.
  • 20 mars (n° 23) : on apprend que, comme l’an passé, l’administration des Bains Carola accueillera pour un temps de vacances des petits Parisiens, orphelins de père par suite de la guerre. Ils découvriront ainsi la belle Alsace pour laquelle leurs pères ont versé leur sang. Une belle initiative qui mérite d’être copiée !
  • 12 mai (n° 37) : un titre retient notre attention. «  6 mariages le 8 mai ! ». En fait, ce jour-là, 4 mariages avaient été célébrés dans l’église paroissiale, et 2 couples avaient choisi le pèlerinage du Dusenbach pour se dire oui ! 6 mariages le même jour, qui plus est au mois de mai, mois du renouveau de la nature, voilà qui mérite une mention spéciale dans notre chronique !
  • 19 mai (n° 39) : on rappelle que la Congrégation des Sœurs de la Divine Providence fête ses 100 ans de présence à Ribeauvillé. On souhaite que les sœurs continuent d’œuvrer longtemps et avec succès pour le bien de la jeunesse. Depuis, la Congrégation a pu fêter ses 200 ans en revenant sur son beau passé dans la revue n° 28 du Cercle de Recherche Historique de Ribeauvillé et Environs et lors d’autres manifestations durant l’été 2019.
  • 23 juin (n° 49) : un article nous fait sourire ! Il est intitulé : Parc aux huîtres, quelques perles. On y relève quelques fautes d’orthographe et de français commises par les habitants, qui de toute évidence ne peuvent pas encore être experts de la langue française un an après le retour à la France !

Une «terrasse » offre tant d’air à ses clients

qu’elle juge superflu d’en mettre ailleurs.
Un « sellier », pour démontrer la supériorité
du cheval sur l’avion, coupe délibérément
toutes les « ailes » de son enseigne.
L’estropiée stoïque attend sa guérison
avec un accent grave et digne qui provoque
les sympathies des passants.
Les masses de touristes qui viendront visiter notre région,
seront heureux de trouver en ville des  « cartes à vue ».
Les pauvres, s’ils pouvaient s’imaginer que ce ne seront que
de simples « cartes postales illustrées » qu’on va leur offrir !
On dit que les instituteurs de Ribeauvillé, jaloux de conserver
le monopole de l’enseignement, vont placer des bandeaux
sur les yeux de leurs élèves pour les empêcher de profiter
des bonnes leçons des enseignes et des affiches.

  • 8 septembre (n° 71) : le journaliste déplore la trop grande vitesse avec laquelle circulent les voitures et les camions dans les rues de la ville, ce qu’on a du mal à imaginer aujourd’hui ! Il cite le cas d’un chauffeur de Hönheim, qui, descendu d’Aubure (Altweier), la veille entre 8 h et 9 h du soir, a surgi de la Grand’rue à une telle allure qu’il a renversé un ouvrier de l’usine à gaz sortant du jardin de Ville. Heureusement l’homme n’a été que légèrement blessé, mais le chauffard n‘a pas pris la peine de s’arrêter et a poursuivi sa route en direction de la gare. Arrivé là-bas, il a trouvé deux gendarmes qui l’attendaient devant la barrière fermée pour lui demander des explications !
    Un autre incident concerne un jeune de moins de 18 ans d’un village des alentours ; il conduisait sans permis et a heurté des clients attablés à une terrasse de café, sans grand dommage heureusement. Les jeunes qui dévalent les rues à vélo sont également à blâmer. Qu’ils aillent se défouler hors les murs !
  • 2 octobre (n° 78) : on annonce la création au Collège (lycée actuel), d’une section d’enseignement agricole et viticole. Cela permettra aux fils d’agriculteurs et de viticulteurs d’acquérir les connaissances nécessaires à la culture rationnelle des céréales et de la vigne, tout en évitant à leurs parents les sacrifices pécuniaires qu’exige le séjour dans les écoles de l’intérieur. Mieux que n’importe laquelle de ces écoles, cette formation pourra tenir compte des nécessités régionales, par exemple le traitement de nos vins blancs.
    Les élèves pourront bénéficier du régime de demi-pensionnaires et ceux qui ne rentreraient pas le soir dans leurs familles, trouveront asile chez des personnes recommandables ou à la prébende St-Joseph (hôpital actuel).
  • 4 décembre (n° 96) on donne les résultats du recensement des animaux présents dans la ville, organisé le 1er décembre 1920 : 109 chevaux (dont 3 juments pour la reproduction), 23 mulets, 6 ânes, 438 bovins (dont 317 vaches laitières et 7 bœufs), 1 mouton, 252 porcs, 296 chèvres, 2881 volailles (dont 53 oies, 68 canards et 2760 poules), 779 lapins, 185 ruchers : 185 (dont 143 nids d’abeilles mobiles et 42 autres).

Le compte-rendu est loin d’être exhaustif, mais la relecture de ces archives aura permis une plongée dans la vie de nos aïeux il y a un siècle, alors qu’à peine sortis d’une longue et terrible guerre, ils devaient s’adapter aux lois, aux usages et à la langue d’un pays, qui leur était devenu étranger après les 48 années de l’Annexion.

[1] Compte tenu de l'érosion monétaire due à l'inflation, le pouvoir d'achat de 1 franc en 1920 est approximativement le même que celui de 1 € en 2019.

 

PETIT RAPPEL :

HISTOIRE DE RIBEAUVILLE SOUS L’OCCUPATION

                Un éditeur américain, Steven Carter, va réaliser un ouvrage intitulé « Occupation stories 2020 », pour commémorer le 75e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce livre illustré fera l’objet d’une sortie mondiale ! L’objectif est de présenter des récits relatifs à l’occupation nazie.
                Dans ce but, il a contacté de nombreuses petites villes des Pays-Bas, de Belgique, du Luxembourg et du Nord-Est de la France, afin qu’elles participent au projet. C’est ainsi que plus de 65 communes ont été sélectionnées, dont notre cité.
                Après lui avoir fait parvenir photos et documents sur cette période à Ribeauvillé, nous avons corrigé à sa demande les textes français complémentaires rédigés par ses équipes. Le livre devrait paraître dans quelques mois.

                Voici, en avant première, le texte sur Ribeauvillé.

Petites nouvelles de la recherche du 1er trimestre 2020~

Quelques commerces au XIXe siècle

                              

 Un Annuaire du commerce était publié par la maison Firmin Didot à Paris[1]. A la page 1885 et suivantes de l’édition de 1856, relatives à l’arrondissement de Colmar, canton de Ribeauvillé, nous pouvons lire les informations suivantes (il s’agit vraisemblablement d’un annuaire payant et, à ce titre, ne recense pas l’ensemble des entreprises ribeauvilloises - Nous transcrivons en clair les abréviations et symboles) :

Ribeauvillé à 16 kilomètres au Nord, Nord-Ouest de Colmar, 429 km de Paris - Poste – Gare sur la ligne de Strasbourg à Bâle – Foire : 8 septembre.

Maire : Bouchard.

Juge de paix : Danzas.

Notaires : Koehler. Klobb.

Huissiers : Zapfel. Rossenfeld. Boley.

Assurances : Blum (A.), inspecteur général de la Caisse paternelle, compagnie d’assurances mutuelles et à primes fixes sur la vie. Direction à Paris, rue Ménars, 4 * Louis de Belfort, inspecteur général de l’Impériale, société anonyme : siège social à Paris, rue Rossini, 2, et de la compagnie Concorde.

Auberges et gourmets jurés : Koehler. Kreutler. Mayer. Tempé.

Bonneterie (fabriquant) : Hauswald (Veuve).

Brasseurs : Levy. Saltzmann. Schott.

Coton (filature de) : Schlumberger et Hofer, (A) 1844, (O) 1849.

Epicerie : Bernhard. Kientzler. Otter (G.). Steiner fils. Wachenheim. Weisemburger.

Fer : Barth (V.). Faller.

Mécanicien : Singer (J.), inventeur des mécaniques pour la fabrication des pains azymes, expédiées en France et à l’étranger[2].*

Médecins : Klée. Lévy. Weisgerber.

Nouveautés : Klein (Mesdemoiselles).

Peaux en poils : Dreyfuss. Weill et Schmoll.

Pensionnats : Giron. Schmohl.

Pharmaciens : Anselm. Simon. Süffert.

Poterie de terre, fourneaux (fabrique de) : Schaeffer.

Rouennerie[3], toilerie : Meinrad-Kientzler (veuve).

Tannerie. - corroyeurs[4] : Faller. Rauch. Zimmermann.

Teinturier en grand : Weisgerber et fils.

Teinture en rouge sur toiles peintes, rouge d’Andrinople : Steiner (Ch.), (B) 1844, (A) 1849 ;            Londres 1851, (B) New-York 1853.

Tissus en coton teint, mouchoirs, cravates et nouveautés (fabricants) : Baumgartner et Weiss.

Koehler (J.A.) ; (A) 1827-39, fabricants de gilets cachemires, piqués et nouveautés en tous genres, représenté à Paris par J. Jouffroy, rue d’Enghien, 5.

Weisgerber et fils, fabricant de tissus-coton, laine, madras et mérinos ; (A) 1839, dépôt à Paris, rue du Sentier, 8.

Vins (négociants et propriétaires) : Favre (L.) et Joranson.

Voiture publique : tous les jours pour Colmar. Omnibus correspondant avec tous les départs du chemin de fer de Strasbourg à Bâle.

[1] Aimablement prêté par Franck et Sylvie Gabriel de Thannenkirch. Les lettres entre () suivies d’une année précisent les récompenses obtenues.

[2] Voir Nouvelles du Cercle n° 11 d’août 2011.

[3] Toile en laine ou en coton, d’abord fabriquée à Rouen, où dominent des couleurs comme le rose, le violet et le rouge et dont les dessins ou les reliefs résultent de la disposition des fils teints avant le tissage.

[4] Ouvrier qui apprête le cuir, les peaux en les assouplissant.

Médaille de l’Exposition universelle de Londres (délibération du 23 mars 1863)

« Monsieur le Maire met sous les yeux du Conseil municipal la médaille en bronze que la Commission de l’exposition universelle de Londres en 1862 a bien voulu décerner à la ville de Ribeauvillé, en raison de la bonne et excellente qualité de vins qu’elle produit et dont quelques échantillons ont été exposés par les principaux propriétaires, dégustés et appréciés dans ce grand concours.

Le Conseil municipal, après avoir vu, examiné et admiré la dite médaille, en éprouve une véritable satisfaction et prie Monsieur le Maire, de la déposer aux archives de la mairie (armoire des antiquités) et d’en faire mention dans le procès-verbal de la présente séance. »

 

Où il est question de la création d’un camping au jardin de ville

En août 1939, l’adjoint au maire Emile Tschaeche, également président de l’Office du Tourisme, relaie, lors d’un conseil municipal, une demande de création d’un camping à Ribeauvillé. Une association régionale argumente que la plupart des villes touristiques en Alsace disposent déjà d’une zone réservée au camping, sauf Ribeauvillé. Le conseil semble tout disposé à étudier la situation. Un camping serait un atout touristique supplémentaire pour accueillir de nouveaux visiteurs. Le débat porte sur l’implantation de ce terrain. Une première suggestion évoque l’ancien Naturtheater en friche. Mais plusieurs conseillers estiment que la déclivité du terrain ne se prête guère à l’établissement d’une aire d’accueil. On évoque alors le Herrengarten. Une partie du jardin de ville pourrait être dédiée à la création d’un camping. La situation à l’entrée de la ville est un argument favorable pour créer un camping. Les conseillers s’accordent pour réfléchir et concrétiser ce nouveau projet touristique. Mais la déclaration de la guerre, trois semaines plus tard, a enterré définitivement ce projet.

Dépôt sauvage de bois dans les rue

En octobre 1946, la police informe la municipalité que de plus en plus de riverains abusent du dépôt de bois devant leur maison, empiétant et encombrant les chaussées. 

    

Tas de bois rue des Juifs (vers 1909)

Le conseil décide d’un délai de carence pour enlever le bois fixé d’abord à quatre semaines, puis à deux. Au-delà il faudra payer un droit de dépôt de 4 F (compte tenu de l'érosion monétaire due à l’inflation, le pouvoir d'achat de 4,00 anciens francs en 1946 est donc le même que celui de 0,33 € en 2017) par m3 et par jour. Cette menace semble dissuasive puisqu’on ne mentionne plus de problèmes par la suite.

 

Rénovation du cadastre

En mars 1947, les autorités préfectorales alertent la mairie quant à la nécessité de rénover le  plan cadastral de la ville et du ban. Le plan de référence date de 1829 et n’est plus opérationnel. Il y a urgence d’effectuer la révision du plan et même d’effectuer de nouveaux bornages parcellaires et même intercommunaux.

Le coût des travaux est estimé à 350 000 FRF (soit, en valeur 2017, environ 19 509 €). Il comprend les honoraires d’un géomètre  (260 000 FRF, soit, en valeur 2017, environ 14 492 €) et l’achat de nouvelles bornes. En outre la commune doit mettre à la disposition de l’arpenteur, deux employés municipaux, pour le seconder et planter les bornes.

Au début de l’année 1948, l’ingénieur-géomètre, M. Gulling, attire l’attention de la municipalité que les crédits déjà votés sont nettement insuffisants pour mener à bien le projet. La municipalité n’a plus d’autre choix que de voter des crédits supplémentaires pluriannuels pour couvrir les frais :

  • pour l’exercice 1948, supplément de 550 000 FRF (soit, en valeur 2017, environ 19 310 €) ;
  • pour l’année 1949, supplément de 750 000 FRF (soit, en valeur 2017, environ 23 268 €).

Quelques conseillers évoquent l’importante charge financière de cette opération et demandent au maire d’étudier la possibilité d’obtenir des subventions de l’Etat.

 

Réparation des murs de soutènement du Strengbach

A l’automne 1947, une succession de violents orages ont mis à mal les berges du Strengbach. Les hautes eaux ont sapé les soubassements des trois ponts sur le torrent et, en décembre 1947, il a fallu engager  en urgence des travaux de consolidation de l’Elgerbrück, de la Naegelbrück et de la Forstbrück. Les travaux auront coûté 350 000 FRF (soit, en valeur 2017, environ 19 509 €). Mais au début de l’année 1948, une nouvelle expertise révèle que d’autres murs le long du chemin de la Streng menacent de s’écrouler. Les travaux sont aussitôt engagés par l’entreprise Brutschi de Ribeauvillé. Le coût total des travaux s’est élevé à 600 000 FRF (soit, en valeur 2017, environ 33 443 €).

 

Aménagement d’un dépôt d’incendie

En 1948, la commune s’est dotée d’un nouveau fourgon d’incendie, subventionné en grande partie par le Département. C’est un fourgon à 10 places avec motopompe et dévidoirs. Mais à la livraison du véhicule on s’est rendu compte que ce nouvel engin ne rentrait pas dans le dépôt n° 2, situé dans la cour de l’école protestante. Il a donc fallu en urgence engager les travaux : agrandir la porte et aménager un nouveau plafond. On a même évoqué la construction d’un logement pour le chauffeur du fourgon, au-dessus du garage. Mais faute de moyens, la municipalité a renoncé à cette opération.

La même année le corps des Sapeurs-pompiers demande le renouvellement de leurs uniformes qui datent d’avant-guerre. Ils obtiennent gain de cause et la ville achète 20 tenues pour les sapeurs et 3 tenues d’officier, pour une somme de 115 000 FRF (soit, en valeur 2017, environ 4 038 €).

Le corps des Sapeurs-Pompiers locaux obtient encore des subventions réévaluées. De 1947 à 1948, la subvention passe de 15 000  FRF à 25 000 FRF (soit, en valeur 2017, environ 836 et 879 €). En fait cette subvention suit le cours de l’inflation.

En janvier 1952, la commune dote le corps des Sapeurs-Pompiers de 60 nouveaux casques pour un montant de 226 000 FRF (soit, en valeur 2017, environ 4 900 €).  La subvention à l’amicale des SP est nettement réévaluée, pour un montant de 70 000 FRF (soit, en valeur 2017, environ 1518 €).

La même année, la municipalité décide d’octroyer des primes d’astreinte pour les pompiers qui sont de garde dans le cadre des différentes manifestations festives organisées par la commune ou les associations. Le montant est fixé à 120 FRF pour un sapeur et de 200 FRF pour un officier (soit, en valeur 2016, environ 2, 60 € et 4,34 €).

 

Pont et Chaussée

En 1950, le service départemental des Ponts et Chaussée établi un bureau dans l’ancien bâtiment de la gare de tramway. Au 1er décembre 1950, cohabitent dans ce bâtiment, l’Office de Tourisme, les bureaux de l’autocariste Schlachter et les Ponts et Chaussée.

                      

Ancien bâtiment de la gare du tramway (vers 1905)

Hommage à Christian Wildsdorf

 

 

                                                        

 Christian Wilsdorf (Ribeauvillé, 1926 / Colmar, 2019) n’est plus. Avec lui s’éteint un pan de la recherche historique en Alsace, voire même un pan de l’Histoire de notre région.

Nous ne détaillerons pas ici son action pour la conservation du patrimoine alsacien tant sous forme d’archives que sous forme de « bâti » ; d’autres l’ont fait mieux que nous ne le ferions (voir notamment : l’article que lui consacre Christian Wolff dans le Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, p. 4251 ; le n° 128 de 2002 de la Revue d’Alsace). Mais cet infatigable chercheur a donné aussi une partie de son énergie à la défense et à la mise en valeur du patrimoine de sa ville natale pour laquelle il a toujours gardé un profond attachement.

L’amour des Wilsdorf pour la cité des Ménétriers et son histoire est une affaire de famille ; en effet, le père de Christian - notaire à Ribeauvillé - est le deuxième président (après le fondateur Ernest Ziller et avant Robert Faller) de l’ancienne Société d’Histoire et d’Archéologie de Ribeauvillé, d’août 1928 à septembre 1934, date de son décès. On lui doit certainement de pouvoir admirer, aujourd’hui, nombre de façades remarquables ; en effet, à cette époque (et jusqu’en 1939), la société d’histoire redistribue des aides aux particuliers ribeauvillois pour la rénovation de leurs façades.

Cet engagement du père est très probablement déterminant dans l’orientation que le fils donne à sa carrière. Après avoir obtenu l’Abitur en 1944, il rejoint l’Université de Strasbourg - encore repliée à Clermont-Ferrand - où il prépare le concours d’entrée à l’Ecole des chartes qu’il intègre en 1946. Comme sujet de thèse, il étudie les comtes de Ferrette et non, comme il l’a souhaité auparavant, la seigneurie des Ribeaupierre. Ce choix nous prive donc d’un ouvrage de référence qui aurait, n’en doutons pas, fait autorité en la matière !

 

Concentrons-nous sur les apports de Christian Wilsdorf au patrimoine historique de Ribeauvillé.

Au début des années 1980, il suit de près l’opération de veille initiée par le département ; il y porte une attention toute particulière (ce sont ses propres termes) notamment sur notre Saint-Ulrich qui « (…) avait été très opportunément interdit au public (…) à la suite d’un éboulement d’un mur sous le donjon. Une campagne de presse et une pétition aboutirent à la restauration du lieu (…) ».

Sa contribution à l’histoire de Ribeauvillé est, bien sûr, également écrite. Citons notamment (par ordre chronologique) :

  • Ribeauvillé, cité des Ribeaupierre et des ménétriers, Ribeauvillé cité des ménétriers, Strasbourg, 1977, p. 3-11.
  • Historique du Saint-Ulrich et de ses possesseurs, Château Saint-Ulrich, Ribeauvillé, Ribeauvillé, 1980, p. 25-34. 
  • Ribeauvillé 1939-1945, Avant-propos - Revue n° 2 du Cercle de Recherche Historique de Ribeauvillé et Environs, 1986
  • Préface au livre de Benoît Jordan, La noblesse d’Alsace entre la gloire et la vertu, Les sires de Ribeaupierre, 1451-1585, Strasbourg, Publication de la Société savante d’Alsace et des Régions de l’Est, 1991.
  • Le hanap de la Confrérie des ménétriers de la Moyenne-Alsace - Bulletin de la Société Schongauer, 1993-1996, p. 214-219 (voir aussi p. 25 et p. 265).
  • Une heureuse découverte : le hanap de la Confrérie des ménétriers - Revue n° 11 du Cercle de Recherche Historique de Ribeauvillé et Environs, 1998, p. 6.

Viennent s’ajouter des sujets sur Ribeauvillé traités dans des articles plus généraux consacrés, par exemple, à l’Armorial des communes du Haut-Rhin, au haut Moyen Age, aux ruines d’Alsace, aux châteaux forts, aux villes, à la chanson, aux ménétriers, à l’histoire d’Alsace et du Haut-Rhin, sans oublier son travail considérable d’archiviste, …

Le Cercle de Recherche Historique de Ribeauvillé et Environs ne peut que s’enorgueillir d’avoir compté Christian Wilsdorf parmi ses membres depuis 1983 et membre du Comité. Il s’est toujours efforcé d’assister à nos assemblées générales. Le Cercle voulut rendre hommage à son œuvre en le faisant Président d’honneur en 1995.

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