~1er trimestre 2023~

Orangerie des Ribeaupierre : à Ribeauvillé, les seigneurs, dans leur château urbain, cultivent un art de vivre, sensible à tous les domaines des activités humaines.

Construite en 1611, elle est à l’origine de la réputation du Lustgarten. La « collection » d’agrumes, créée grâce à l’achat d’arbustes en Italie par Eberhard de Ribeaupierre au début du XVIIIe siècle, est développée par les soins des jardiniers seigneuriaux, Bechmann, père et fils.

En 1741,   Caroline, fille de Chrétien III de Deux Ponts, comte de Ribeaupierre, embellit le jardin en étages de Bouxwiller avec la plantation de 250 orangers provenant, très probablement, de Ribeauvillé. Lors du premier Empire, ces orangers vont être à l’origine de l’Orangerie de Strasbourg.

En 1747, 681 orangers et citronniers sont recensés, auxquels s’ajoutent 213 grenadiers, myrtes, figuiers, oliviers et lauriers, 26 jasmins et 226 plantes rares venues des Indes, d’Afrique, d’Asie et d’Amérique.

Saisies comme bien national en 1793, ces plantes exotiques sont dispersées lors d’une vente aux enchères à Colmar. Pendant de nombreuses années les orangers embellissent, en été, la place Rapp.

C’est en souvenir de cette orangeraie que la municipalité de Ribeauvillé fleurit la Grand’rue par des orangers d’ornement.

Les rétorsions de Louis XIV envers les protestants en Alsace après la Guerre de Trente Ans[1]

En octobre 1685, Louis XIV révoque l’Edit de tolérance entre les religions dans son royaume (Edit de Nantes). Mais cette mesure ne peut s’appliquer en Alsace en raison d’une clause du traité de Westphalie (1648) qui maintient la liberté du culte en Alsace.

La royauté française va néanmoins prendre des mesures restrictives contre le protestantisme ; un rescrit royal stipule à toutes les villes et seigneuries alsaciennes :

  • défense aux sujets du roi de marier leurs enfants hors du Royaume et terre de son obéissance ;
  • défense de célébrer des mariages de personnes catholiques avec celles d’autres religions ;
  • défense aux ministres réformés de prononcer des paroles séditieuses dans les prêches, sous peine de faire démolir les temples dans lesquels de tels prêches auront été faits ;
  • les nouveaux convertis peuvent rentrer en la propriété et jouissance des biens qu’ils peuvent avoir vendus ou affermés à des réformés ;
  • les nouveaux convertis sont exemptés d’impôts pendant trois ans ;
  • les nouveaux convertis sont exemptés de l’obligation de loger des gens de guerre, faveur particulièrement appréciée le long de la frontière où les mouvements de troupes sont fréquents ;
  • tous les fonctionnaires dans les territoires protestants doivent se convertir au catholicisme ou abandonner leur poste ;
  • les protestants ne peuvent plus avoir de domestiques catholiques.

En 1688, Louvois prend de nouvelles mesures restrictives :

  • dans toutes les localités protestantes, dans lesquelles vivent au moins sept familles catholiques, le chœur de l’église doit être réservé aux catholiques. Ainsi est créé le Simultaneum avec un partage de l’église entre les deux cultes. Il est imposé à près de 160 églises alsaciennes ; c’est notamment le cas de Saint-Matthieu à Colmar, de Saint-Pierre-le-Vieux et de Saint-Pierre-le-Jeune à Strasbourg ;
  • suppression du protestantisme dans les localités où les deux tiers de la population appartiennent au catholicisme ;
  • des punitions sévères sont prises contre tous ceux qui professent une parole contre l’honneur de la Vierge et des saints : depuis la mise au pilori ou au carcan jusqu’à la mutilation de la langue !
  • les apostats sont condamnés au bannissement et à la confiscation de leurs biens.

Un peu d’héraldisme

Question posée au Cercle de Recherche : pourquoi les armoiries des Ribeaupierre-Honnack se trouvent-elles sur les armoiries de Maximilien prince palatin du Rhin, comte de Deux-Ponts-Birkenfeld-Bischwiller ? Raymond Seiller nous aide à nous y retrouver dans cet imbroglio familial :

1 - La maison électeur palatin du Rhin-Wittelsbach-Bavière

A la mort de Charles II (1651-1685), la branche Wittelsbach-Simmern, issue du tronc d’origine, disparaît. La succession échoit à la branche cadette des ducs palatins du Rhin-Wittelsbach-Deux-Ponts dont les deux derniers électeurs sont :

  • Maximilien III Joseph de Deux-Ponts (1745-1777) : fils de Charles-Albert et de Marie-Amélie d’Autriche. Il renonce au titre impérial et conclut la paix avec l’Autriche par le traité de Füssen. Il meurt de la variole sans laisser d’héritier ;
  • Charles IV Théodore de Bavière-Deux-Ponts (1777-1799) : également électeur de Bavière, n’a pas d’enfant légitime. Son plus proche héritier est Charles-Auguste II de Deux-Ponts-Birkenfeld (1775-1795 / frère aîné de Maximilien de Ribeaupierre). C’est un cousin éloigné de Maximilien III Joseph, issu de la branche de Palatinat-Soulzbach de la maison de Wittelsbach, duc de Berg et de Juliers et comte palatin du Rhin sous le nom de Charles IV Théodore qui meurt également sans laisser d’héritier.
2 - La maison Wittelsbach-Palatinat du Rhin-Deux-Ponts-Birkenfeld

Le rameau de la famille Birkenfeld-Bischwiller (donc des cousins), reprendra l’héritage (les titres et armoiries des branches de la familles palatine du Rhin-Wittelsbach-Deux-Ponts-Birkenfeld) avec Charles Ier de Birkenfeld (1560-1600) :

  • son fils, le comte palatin Christian Ier (1598-1654), qui lui succède, a deux fils :
  • Georges-Guillaume de Birkenfeld-Bischwiller ;
  • Christian II, (1637-1717) de Birkenfeld-Bischwiller qui se marie avec Catherine Agathe de Ribeaupierre (Rappolstein) et devient, par ce mariage, comte de Ribeaupierre-H En 1671, il reprend l’héritage de son père et devient électeur de Bavière duc palatin Deux-Ponts, comte de Birkenfeld-Bischwiller, comte de Rappoltstein-Honnack[2];
  • succède à ce dernier, son fils Christian III (1674-1735) comte palatin Birkenfeld-Deux-ponts de 1715 à 1731[3];
  • son fils aîné : Christian IV (1722-1775) duc palatin de Deux-Ponts-Birkenfeld-Bischwiller et comte palatin de Birkenfeld de 1734 à 1775, meurt en 1775 en ne laissant qu’une postérité morganatique (les comtes et comtesses de Forbach) ;
  • c’est donc le fils cadet, Frederick Michel Deux-Ponts-Birkenfeld-Bischwiller (1724-1767) qui devient comte de Rappoltstein-Honnack ;
  • la succession échoit au fils aîné de Frédérick-Michel, Charles-Auguste (1775-1795), sans descendance à sa mort en 1795,
  • c’est donc son frère, Maximilien Joseph (1756-1825), qui reprend l’héritage de la maison de Bavière en 1799 de son cousin éloigné, Charles IV Théodore. Également duc de Berg et de Juliers, comte palatin du Rhin-Deux-Ponts- Birkenfeld-Bischwiller-Ribeaupierre-Honnack sous le nom de Maximilien II Joseph. Allié de Napoléon, il est élevé à la dignité royale en 1806 sous le titre de Maximilien Ier roi de Bavière
3 – Les armoiries

  • Armoiries d’origine de la maison de Bavière (Armes des Wittelsbach devenues armoiries de Bavière)

Fuselées en bande d'azur et d'argent

 

  • Armoiries des comtes palatins du Rhin (Pfalzgraff)

De sable au lion d’or couronné, armé et lampassé et couronné de gueule

  

  • Armoiries des comtes palatins du Rhin-Deux-Ponts-Birkenfeld (portées notamment par Charles Ier).

Ecartelé au 1 et 4, de sable au lion d’or couronné, armé et lampassé de gueule (qui sont palatins du Rhin) ; Au 2 et 3, fuselé d’argent et d’azur (qui sont Wittelsbach) ; Brochant en cœur d’argent au lion d’azur armé et lampassé de gueule (qui est Weldenz)

 

  • Armoiries portées par les comtes palatins du Rhin, Deux-Ponts, Wittelsbach (dont le dernier est Charles-Théodore de Bavière-Deux-Ponts)

Ecartelé au 1 et 4 fuselé d’argent et de gueule (qui est Wittelsbach) ;Au 2 et au 3 de sable au lion d’or couronné, armé et lampassé de gueule (qui est Palatin du Rhin)

  • Armoiries des princes électeurs palatins de Bavière (Armes de l’électorat de Bavière à partir de 1623) ; Wittelsbach-Palatin du Rhin-Deux-Ponts (portées notamment par les comtes palatins du Rhin-Deux-Ponts-Birkenfeld, dont le dernier est Charles II

Ecartelé :
au 1er : coupé au 1 de sable au lion d’or couronné,  lampassé et armé de gueule ; au 2  fuselé, d’argent et d’azur ; (qui sont au 1 Palatin du Rhin et au 2 Wittelsbach) ;
au 2: coupé au 1 lion d’azur couronné, lampassé et armé d’or, au 2 échiqueté d’argent et de gueule ;

  • Armoiries de Christian II, prince palatin du Rhin, comte de Deux-Ponts-Birkenfeld-Bischwiller-Ribeaupierre (portées par Christian II, Christian III, Frederick Michel et Maximilien II Joseph (en tant que prince électeur. Ses armes changent lorsqu’il devient roi de Bavière, sous le nom de Maximilien Ier en 1806).  Ecartelé : 
    au 1er : coupé au 1 de sable au lion d’or couronné,  lampassé et armé de gueule ; au 2  fuselé, d’argent et d’azur ; (qui sont au 1 Palatin du Rhin et au 2 Wittelsbach) ;

    au 2: coupé au 1 lion d’azur couronné, lampassé et armé d’or, au 2 échiqueté d’argent et de gueule ; (qui sont au 1 Weldenz, et au 2 Birkenfeld) ;
    au 3e : coupé au 1 fuselé d’argent et d’azur, au 2 de sable au lion d’or couronné, lampassé et armé de gueule (qui sont au 1 Wittelsbach et au 2 Palatin du Rhin) ;
    au 4e : coupé au 1, d’argent à trois écussons de gueule, au 2 d’argent à trois têtes d’aigles arrachées de sable, couronnées et becquées d’or (qui sont au 1 Ribeaupierre et au 2 Honnack)

4 – Arbre généalogique des Birkenfeld

[1] Suite de l’article paru dans les Nouvelles du Cercle n° 38 de septembre 2021.

[2]  A noter que l’on ne cite pas les Geroldseck : les Rappoltstein prirent également l'écu de Geroldseck, avant de vendre leur part au duc de Lorraine et aux Landsberg probablement à la fin du XVIIe siècle).

[3] Donc avant la mort de Christian II, trop malade pour gérer la Maison de Birkenfeld.

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